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Peut-on contrôler ses choix ?

J’ai choisi de faire cet article, car cela fait longtemps que je me rends compte que beaucoup de clients font des choix provisoires ou définitifs qu’ils ont parfois du mal à expliquer et on se retrouve donc souvent à devoir déconstruire des éléments qui ont été basés sur des perceptions, des croyances, l'influence, etc., faisant apparaître un manque de réflexion. Nous allons le voir, il y a beaucoup d’explications à ce phénomène. L’éducation est la première d’entre elles, penser, analyser et réfléchir s’apprend, et d’autre part, le cerveau a naturellement tendance à faire des choix instinctifs.

Je vous arrête tout de suite, notre relation à la vie n’étant pas que commerciale, fort heureusement, je ne traiterais pas de cette question sous l’angle du marketing ou uniquement de l’influence, car l’acte d’achat est un processus particulier dont il n’est absolument pas question ici et qu'un choix faisant intervenir les émotions ils sont inévitablement influencés. Je prends le parti d’aborder la question du choix dans sa globalité et sans cloisonner l’approche à la manière de l’économie, de la psychologie ou de la philosophie ce qui serait bien trop réducteur pour un phénomène si complexe pour lequel avoir des preuves indiscutables semble impossible. Il est pour moi totalement absurde quelle que soit l’approche, de vouloir normer, catégoriser ou prédire un choix en fonction de paramètres prédéfinis ou d’échelle de valeur a priori consensuelle, chaque individu ayant sa propre histoire, éducation, valeurs qui affectent ses émotions et critères d’évaluation. Ce qui ne doit pas forcément être pris, d’ailleurs, pour de l’irrationalité puisqu’un choix est par nature subjectif. Il ne faut pas oublier non plus les grandes disparités dans la capacité d’analyse ou de réflexion des individus, tel que peut le montrer un test de QI, même si cela n’est pas totalement représentatif.                                                           

Nous sommes continuellement amenés à faire des choix, qui dans la vie de tous les jours sont plus ou moins importants, et quasi automatiques, cela a été démontré par les travaux en psychologie cognitive. Il y a aussi les choix moins anodins aux répercussions importantes ou coûteuses en investissement personnel, tel que choisir d’adopter un chien ou changer de voiture.

Durant un coaching d’orientation ou de réorientation de carrière, l’importance et l’impact des choix qui vont être faits amènent d’autant plus à s’interroger sur cette question.

Face à la question du choix, l’individu est perpétuellement confronté à des questions du type : quel est le meilleur choix ? Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Comment puis-je être sûr que c’est le bon choix ? Comment faire le bon choix ?

Ou encore en prenant plus de distance sur cette tâche problématique :

Un choix n’est-il pas simplement une affaire de compromis ?
Peut-on considérer qu’il y aurait un choix idéal ?

Nous pouvons bien sûr aborder un tel sujet sous plusieurs angles, deux en particulier qui me viennent immédiatement à l’esprit, l’angle de la philosophie qui tenterait de répondre à toutes les questions ci-dessus, et l’angle de la pratique c’est-à-dire qu’est-ce que je peux faire pour faire un choix intelligent et rationnel ?

Un choix rationnel signifie faire un choix de raison qui pour le dictionnaire larousse signifie : Faculté propre à l'homme, par laquelle il peut connaître, juger et se conduire selon des principes : La raison considérée par opposition à l'instinct.

Je vais d’abord définir de quoi il s’agit et je m’attarderais plutôt ensuite sur l’aspect pragmatique, car je pense que cela sera bénéfique pour le lecteur, même averti et cela donnera lieu à un deuxième article spécifique.

Je fais la différence entre deux grandes familles de choix même si l’on pouvait commencer peut-être à décomposer la problématique en fonction du contexte, des cultures, etc., je vais essayer quand même de rester simple et accessible sans sur complexifier quelque chose qui n’a pas d’intérêt fondamental dans le contexte de cet article, car même si c’est intéressant, il n’est pas question d’arriver à comprendre exactement qu’est-ce qui se joue dans le fait de faire un choix, mais bien de définir comment faire un choix intelligent et sensé et pour ce faire, vous devez en connaître quelques principes.

Nous pouvons dissocier deux types de choix.

Nous avons les choix :

– dictés par l’émotion et dont la rationalité est inconsciente ou peu travaillée par la conscience.

– dictés par l’émotion ET la raison.

 

Nos choix sont naturellement issus de nos émotions

 

Je considère qu’un choix purement émotionnel n’est plus un bon choix, même lorsqu’il s’agit de survie. Les exemples suivants sont issus de faits réels :

  • Je pense à l’individu qui meurt à l’issue d’une bagarre pour une place de voiture sur un parking.
  • Je pense à l’individu qui meurt en tentant de tirer sa fille de la baignoire alors qu’elle est électrocutée par son téléphone portable tombé dans l’eau.

Les faits divers relatés par les médias sont bourrés d’exemple d’individus ayant fait des choix émotionnels inadaptés.

Je ne vais pas chercher à en détailler les causes possibles. La nature d’un choix émotionnel pur, a une origine lointaine et a été développé et peaufiné par le cerveau durant des millions d’années afin d’assurer la survie de l’homme dans des conditions et des contextes qui n’ont rien à voir avec notre vie sociale et technologique actuelle. Une réalité que beaucoup d’individus n’arrivent pas à appréhender dans toute sa globalité et complexité, voire manquent simplement de connaissance des implications, mécaniques, physiques ou physiologiques des technologies et outils utilisés au quotidien et des réponses adaptées en fonction des situations qui pourraient se présenter à eux. Pris dans l’action, devant l’urgence d’une situation, le raisonnement et la rapidité de réflexion ne sont d’aucun secours pour empêcher l’erreur. L’adaptation n’a pas pu faire son œuvre, car elle est lente, alors que ces 300 dernières années ont profondément changé la vie humaine.

Notre système émotionnel n’a pas pu s’adapter en si peu de temps.

Nous sommes des handicapés émotionnels par rapport au monde dans lequel nous vivons. D’autres, sont également des handicapés sociaux, incapables de s’adapter à la complexité de la société, en partie ou en totalité.

Ceci est à associer aux connaissances scientifiques lacunaires de l’individu lambda, du système auquel il appartient.

Bref, notre cerveau primitif au niveau émotionnel doit évoluer et prendre en compte un monde complexe, changeant, dont il connaît peu les principes et sans les connaissances nécessaires pour réagir comme il a été habitué à le faire, c’est-à-dire dans l’immédiateté, avec pertinence.

La science a apporté un éclairage intéressant sur les phénomènes cognitifs de la prise de décision. Pour faire très court, les études en psychologie cognitive récentes ont montré que le cerveau a tendance à faire des choix basés sur l’émotion, très rapidement, et que la raison n’intervient pas ou très peu et souvent inconsciemment dans beaucoup de choix du quotidien.

 

Un choix de raison, sous contrôle des émotions.

 

Nous sommes des victimes de nos émotions, influencés par beaucoup trop de choses dont nous n’avons pour la plupart d’entre nous même pas conscience au quotidien et que nous ne pouvons contrôler, y compris lorsque comme moi, vous vous intéressez de près à ces questions, et si vous n’étiez pas convaincu, je vous invite à vous rappeler de la cinquantaine de biais cognitifs différents qui influencent notamment les émotions, les raisonnements et les représentations et croyances, entre autres.

Dans ce contexte, il n’est pas difficile de considérer que même un choix rationnel est biaisé.

Si l’on définissait un choix de raison comme un choix idéal ou parfait alors il faudrait a priori que l’individu ait toutes les informations nécessaires à son choix et qu’il les ait parfaitement comprises, que ces informations soient vraies et validées par une méta-analyse (plus haut niveau de preuve/validation scientifique) et que ces informations soient de telle nature qu’elles ne pourraient être remises en question par des découvertes ultérieures. Ce dernier point pose d’office problème pour beaucoup de travaux en sciences humaines. Il faut donc également avoir l’assurance que ce choix n’a pas été influencé et qu’aucun biais n’est venu l’altérer.

Je pense que vous avez compris que c’est parfaitement impossible.

Dès lors, faire un choix est un compromis, une option préférée à une autre dont les conséquences sont probablement incertaines et il faut bien s’en accommoder.

Un choix idéal, parfait, objectif, rationnel, n’est pas quelque chose qui peut être atteint par le cerveau humain.

Pour autant, même si dans certains contextes les conséquences peuvent être incertaines et où l’on peut considérer qu’un choix comporte une part de risque, faire un choix raisonné s’avère être choisir des conséquences.

Puisqu’il est impossible d’en saisir toutes les implications et conséquences, on peut même se demander si le choix idéal est une notion réaliste.

Beaucoup de sociologues, de psychologues et de philosophes se sont penchés sur cette question depuis bien longtemps et il y a bien sûr des disparités importantes dans les façons d’aborder le problème et je me dois d’en proposer ici en recueil pour le lecteur sous forme de citation, assez long puisqu’il s’agit d’un article qui retrace les auteurs qui sont pour et qui sont contre sur la question de la rationalité réelle des choix. Je ne cite qu'une seule source car, pour être honnête, je suis fainéant et il s'agit d'une source qui rend compte assez fidèlement d'opinions diverses sur certains aspects de la question.

 

Le choix rationnel : les pour et les contre (pas de date) Sciences humaines. Disponible en ligne : https://www.scienceshumaines.com/le-choix-rationnel-les-pour-et-les-contre_fr_26957.html (accèdé : 26 février 2022).

 

« Pour : George C. Homans (1910-1989), sociologue américain, a appliqué les principes de l’économie néoclassique et de la psychologie behavioriste à l’analyse des faits sociaux. Sa théorie de “l’échange social” fait de lui l’un des premiers propagateurs de la théorie du choix rationnel dans les sciences sociales (Social Behavior: It’s elementary forms. Under the general editorship of Robert K. Merton, 1961)

Pour, oui, mais… Herbert A. Simon (1916-2001), psychologue et sociologue spécialiste des systèmes, a développé une science générale de la décision. On lui doit, entre autres, la notion de “rationalité limitée”, qui rend compte du fait que nos décisions ne sont pas parfaites, mais limitées par l’information dont nous pouvons disposer. H.A. Simon a contribué à exporter le modèle du choix rationnel en sciences politique et sociales, mais il en a complexifié l’usage.

Pour : Gary Becker, né en 1930, prix Nobel d’économie en 1992, a adapté les outils de la microéconomie néoclassique (postulat de l’acteur rationnel) à des activités qui ne relèvent pas du marché : famille (avoir des enfants, divorcer), délinquance, toxicomanie, etc. Sa théorie du capital humain (1964) fait de lui un défenseur du choix rationnel.

Pour : Stephen Levitt, né en 1967, est professeur d’économie à Chicago. Spécialiste de microéconomie (décisions individuelles), il a publié en 2005, avec Steve Dubner, un livre (Freakonomics) où il montre les calculs sous-jacents à toutes sortes de faits saugrenus, comme la tricherie chez les lutteurs de Sumo, selon une orientation proche de celle de Gary Becker. Tim Harford, né en 1973, est également un adepte de “l’économie saugrenue” (The Logic of Life, 2009).

Contre : Daniel Kahneman, né en 1934, prix Nobel d’économie en 2002, et Amos Tversky (1937-1996), psychologue à Stanford, ont collaboré pendant plus de vingt ans à la recherche expérimentale des heuristiques et des biais cognitifs qui affectent nos choix et les rendent souvent peu rationnels. Leur théorie des perspectives (1979) tourne le dos à la théorie du choix rationnel. Ils sont considérés, avec Richard Thaler, né en 1945, comme les fondateurs de l’économie comportementale (ou expérimentale).

Contre : Raymond Boudon, né en 1934, professeur de sociologie à la Sorbonne, a développé dans son œuvre l’idée que la théorie de l’acteur rationnel est incapable de décrire l’action humaine en général. L’individu a de bonnes raisons d’agir, mais ces raisons sont diverses et subjectives. De plus, l’agrégation des actions individuelles peut produire des “effets pervers” (Raisons. Bonnes raisons, 2003).

Contre : Jon Elster, philosophe norvégien né en 1940, a consacré l’essentiel de son œuvre à explorer les difficultés que nous avons à agir conformément à des préférences claires. Il a analysé les tactiques que nous utilisons pour lutter contre la faiblesse de notre volonté. Selon lui, l’acteur humain est souvent incapable de trancher entre deux préférences (L’Irrationalité, 2010).

Contre : Dan Ariely, né en 1967, enseigne à l’université Duke. Mathématicien, psychologue, il s’est ensuite tourné vers l’économie expérimentale. Considérant toutes sortes de sujets de la vie ordinaire, comme prendre un café chez Starbuck, il montre que nos choix violent constamment la rationalité pure, mais aussi que nos dérives sont prévisibles (C’est [vraiment ?] moi qui décide, 2008). »

 

 

Je pense avoir abordé l’essentiel de ce qu’il y a selon moi à considérer sans rentrer dans le détail et je laisserais le lecteur sur l’éventail des opinions de certains sociologues et psychologues qui se sont penché sur la question sous un certain angle, car loin de moi l’idée de tout approfondir sur un sujet sur lequel il est difficile de considérer pouvoir arriver à autre chose qu’une représentation imprécise et fluctuante en fonction du contexte ou d’un point de vue.

Si vous avez un choix à faire et que vous avez besoin d'aide pour structure votre réflexion, veuillez lire mon article intitulé "Comment faire un choix plus rationnel ?

Pessiglione, Mathias. « Décision et rationalité : un sujet indiscipliné », Cités, vol. 60, no. 4, 2014, pp. 29-41.

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