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Fact checking, pensée critique et orientation

Le fact checking, terme très à la mode, est un des outils à la disposition de la pensée critique, il permet, notamment, de vérifier rapidement la face cachée d’une situation ou la véracité d’un propos. C’est devenu indispensable aujourd’hui quel que soit le sujet et c'est à dissocier du phénomène des fakes news.

Cet article est en grande partie composé d’un extrait de la première partie de mon ouvrage ou comme si l’on n’était pas suffisamment sous l’emprise de nos biais, je déconstruis un certain nombre de croyances qui influencent nos choix : « Surmonter l’influence et changer - Le programme de changement de carrière pour les salariés ». Cela vous permettra de constater à quel point le fact checking, encore plus qu’ailleurs, est primordial en changement de carrière.

Je vais me contenter d’aborder ce sujet sous forme d’exemple, concrets et réels. Comme toujours, l’amalgame ou la simple connerie est un outil formidable de désinformation et le temps nécessaire pour les corriger joue en faveur de leurs auteurs qui peuvent dire à peu près n’importe quoi dès lors qu’ils ne s’inscrivent pas dans une démarche scientifique et ou leur travail ne sera jamais relu par un comité d’expert du même champ, et que la plupart des gens ne vérifieront pas. C’est aussi un effet du biais d’autorité.

Le biais d’authorité est une tendance à surévaluer la valeur de l'opinion d'une personne en raison de son statut, son éloquence, le type de son argumentaire, son ton ou de son image. Beaucoup d’éléments extérieurs peuvent l’influencer, tel que celui qui a tendance à répéter deux ou trois fois certaines phrases clés dans un discours ou une présentation. Il s’agit d’un mécanisme de manipulation qui contribue à produire un biais d’autorité face à son auditoire. Par exemple, Simon Sinek l’a bien compris et utilise cette technique dans ses speechs (disponibles sur Youtube), ce qui lui permet de ne pas avoir à justifier ce qu’il avance et ne pas argumenter, et beaucoup font l’erreur de le croire. J’ai fait un article à propos de sa méthode et ce qu’il avance Simon Sinek Find Your Why : Analyse d'une méthode dangereuse et Analyse critique rapide du livre de Simon Sinek  Start with why . On peut, dans ses vidéos, constater la puissance de la communication verbale et non verbale, qui fait que lorsque vous dites des idioties avec une grande assurance et en employant certaines techniques de persuasion ou de manipulation, vous pouvez d’une part forger des croyances, et d’autres part vous poser en leader, certains grands chefs d’état ont d’ailleurs adoptés ces techniques à travers les âges.

De nos jours, on assiste à un glissement dramatique des conditions d’apparition du biais d’autorité vers l’incontrôlable. Je n’ai pas recherché l’existence de travaux scientifique le démontrant mais je pense qu’en s’appuyant simplement sur l’observation, il est facile de constater que nous sommes passés du statut imaginaire lié aux actes, à la médiatisation, au statut social ou au domaine d’expertise de l’individu à l’origine de l’opinion, au simple fait de trouver un interlocuteur qui s’exprime sur la toile. Poster du contenu, sous forme d’article ou de vidéo poserait d’emblée l’individu comme sachant du moment qu’il est capable d’expliquer, avec une maîtrise relative et parfois même sans arguments, un point de détail ou son expérience sur quoi que ce soit.

Bien sûr, ce biais d’autorité s’exerce différemment en fonction des individus et de la nature de leur esprit critique, mais je ne serais pas étonné qu’au moins 70% des gens sur la planète subissent les conséquences de ce glissement.

Je prendrais pour mon premier exemple le cas des croyances.

Dans le secteur de la relation d’aide, beaucoup de concepts ou de tentatives d’explications des problèmes se basent sur des croyances. Quand une croyance vous limite ou qu’elle génère des processus inefficaces, il faut bien à un moment donné, se questionner, trouver une autre solution pour enfin faire les choses bien et régler définitivement le problème. Mais le problème ici, c’est que majoritairement, comme les intervenants souhaitent vous mâcher le travail et proposer des solutions s’adaptant à tous, ils vous remplacent une croyance par une autre et finalement vous ne questionnez pas celle qui vient remplacer la première ! Nous allons voir ensemble comment cela s’opère.

Passons très rapidement à l’exemple d’une croyance limitante, d’ordre général pour commencer, mais qui renvoie à la question du travail, et que l’on peut trouver dans un document PDF sur le site tccmontreal.com, accédé en 2020 : https://tccmontreal.files.wordpress.com/2018/06/chapitre-10-quelques-croyances-dysfonctionnelles-parmi-les-plus-frc3a9quentes-avril-18.pdf.

Cette croyance et le conseil donné par la suite me semblent particulièrement ridicules, mais pour illustrer mon propos cela sera parfait.

Croyance dysfonctionnelle (donc erronée et qui pose problème) : « Le bonheur humain peut être atteint par l’inertie et l’inaction en se laissant vivre passivement ».

Déjà, je n’ai jamais entendu pareille chose.

Le détail que l’on vous propose : « Au nom d’une prétendue “qualité de vie”, bien des gens évitent de s’impliquer dans des projets d’envergure nécessitant travail ou effort à long terme ; ils oublient que c’est le plus souvent en s’accomplissant ou en se dépassant que l’être humain obtient ses plus importantes gratifications dans la vie.

Exemples :

  • “Me marier, avoir des enfants ? Tu n’y penses pas, c’est bien trop de problèmes !”
  • “Passer à travers l’université pour obtenir un diplôme dans plusieurs années ? Je préfère travailler et gagner de l’argent tout de suite !”
  • “Faire de l’exercice, du sport, me garder en forme ? C’est plus facile de regarder la télé !”

»

Maintenant voici ce que l’on vous propose à la place : « Croyance mieux adaptée : Les êtres humains sont généralement plus heureux dans la vie quand ils s’engagent dans des activités auxquelles ils consacrent une bonne partie de leur énergie et de leur créativité. »

On peut résumer cette affirmation sans en changer véritablement le sens : pour être heureux, il faut consacrer son énergie dans une activité créatrice.

Ah bon ? Sur quoi s’appuie cette idée ? Ces exemples sont-ils pertinents ? Suffisent-ils à expliquer ou valider une telle chose ? Cela marche pour n’importe quelle activité créatrice ? Il n’y a pas d’autre dimension indispensable comme la volonté, le plaisir ou le sens ?

Rien de ce qui est dit ne démontre quoi que ce soit.

Même si une étude en psychologie décrétait une telle absurdité, encore faudrait-il y avoir accès, la lire soi-même, la critiquer et l’attaquer sous tous les angles possibles, lire les avis critiques d’autres éminents psychologues sur cette étude, vérifier de manière empirique sa validité au minimum.

Mais pourquoi donc n’aurais-je pas la possibilité d’être heureux dans l’oisiveté ou la méditation la plus complète si cela fait sens pour moi ? Pourquoi me dicte-t-on comment je dois être heureux ? Du coup, cela implique-t-il que si j’étais heureux dans l’oisiveté ou la méditation, lire cette phrase, remettrait en question ce bonheur ? En serais-je encore simplement capable ensuite ?

C’est une forme d’influence et de manipulation.

Alors bien sûr, vous pouvez choisir d’adhérer aux croyances à la mode, mais vous devriez avoir des raisons sensées pour croire en quelque chose, si vous voulez vous approcher d’une certaine vérité / réalité au cours de votre existence. Je pars du postulat que vivre dans l’illusion et le déni n’est pas ce que vous recherchez.

De nos jours, les articles, les livres, les conférences et certaines théories basées sur des systèmes de croyances sont issus, dans le meilleur des cas, d’une bribe de conclusion ou d’une infime partie du résumé d’une recherche, parfois en en détournant le sens, sans remettre en cause un seul instant la recherche en question, ni en prenant en compte, l’existence de recherches qui prouveraient le contraire, ou encore, d’autres critiques de professionnels.

Je vous donnerai un exemple concret de cela un peu plus tard.

Nous vivons dans une ère ou presque chacun peut exprimer ce qu’il pense librement, c’est la jungle des idées et des théories et c’est surtout la jungle des croyances.

Soyez vigilants vis-à-vis des croyances idiotes, remplacées par des croyances encore plus idiotes.

Alors heureusement, nous sommes tous déjà vigilants et ne croyons évidemment pas n’importe qui sur n’importe quel sujet. Cela dit, beaucoup de spécialistes ou experts autoproclamés peuvent nous influencer plus facilement, grâce à une meilleure médiatisation ou réputation apparente. Ils sont alors en position claire de « sujet supposé savoir ».

Ce sujet supposé savoir critique une croyance tout en en proposant une autre, vous baissez votre garde, et c’est à ce moment qu’il remplace cette croyance par une connerie, comme dans l’exemple ci-dessus. Je rappelle que cet exemple provient d’un blog de psychologues.

Malheureusement, bien des professionnels à la renommée mondiale en sont également coupables.

En voici, un exemple, extrait également d’un passage de mon livre où je suis en train de déconstruire la plupart des choses sur lesquelles les gens se concentrent pour choisir un nouvel horizon professionnel au lieu de se concentrer sur le sens et le plaisir :

La question du salaire est souvent centrale en orientation ou réorientation, il est porteur de sens, il concourt à définir notre valeur symboliquement, qu’on le veuille ou non, mais cela ne suffit bien évidemment pas à donner du sens au travail. En tout cas pas à long terme.

Si cela ne permet pas de donner du sens à son travail, en tout cas à lui seul, que reste-t-il ? La corrélation avec le bonheur.

L’argent qui fait le bonheur est une croyance bien établie, et ce, malgré toutes les études scientifiques sur le sujet relayés par la presse, creusons.

Bolles, Richard N. What Color Is Your Parachute? 2020 (p. 99) nous parle de l’étude suivante pour expliquer le fait que l’argent fait un peu le bonheur. Cette étude est parue dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences qui démentirait en partie et en apparence le proverbe selon lequel l’argent ne fait pas le bonheur. Réalisée par Daniel Kahneman, Prix Nobel d’Économie en 2002, et son collègue de l’université de Princeton, Angus Deaton, l’étude est intitulée : High income improves evaluation of life but not emotional well-being porte sur le bien-être de 450 000 Américains interrogés en 2008 et en 2009 pour l’indice Gallup-Healthways.

Si l’on s’arrête sur le titre uniquement, l’étude parle de l’impact sur l’évaluation de sa vie et non pas de bonheur ! Et puis il serait indispensable dans cette étude ou dans le livre de Bolles de définir alors ce qu’est le bonheur, or justement, ce n’est pas le cas.

Bolles nous livre cette analyse : « the less money they made, the more unhappy they tended to be, day after day. No surprise there. And, obviously, the more money they made, measured in terms of percentage improvement, the happier they tended to be, as measured by the frequency and intensity of moments of smiling, laughter, affection, and joy all day long, vs. moments of sadness, worry, and stress. So, money does buy happiness. But only up to a point. »

On peut donc lire mot pour mot : « Donc l’argent achète le bonheur. Jusqu’à un certain point. »

Cela a également été écrit en ces termes dans la presse.

Pourtant, dans le résumé des auteurs, nous pouvons lire : « We conclude that high income buys life satisfaction but not happiness, and that low income is associated both with low life evaluation and low emotional well-being. »

Traduction : Nous concluons qu’un revenu élevé achète une vie satisfaisante, mais pas le bonheur, et qu’un faible revenu est associé à la fois à une faible évaluation de la vie et à un faible bien-être émotionnel.

Ce qui signifie qu’avoir un bon salaire augmente votre PERCEPTION d’avoir une vie SATISFAISANTE, mais PAS le BONHEUR.

C’est en lien avec nos croyances et les histoires que l’on se raconte.

Nous pouvons lire également dans le résumé de l’étude : « The question of whether ‘money buys happiness’ comes up frequently in discussions of subjective well-being in both scholarly debates and casual conversation. The topic has been addressed in a vast and inconclusive research literature ».

Traduction : La question de savoir si « l’argent achète le bonheur » est fréquemment soulevée dans les discussions sur le bien-être subjectif, tant dans les débats universitaires que dans les conversations informelles. Le sujet a été abordé dans une vaste et peu concluante littérature de recherche.

En d’autres termes, nous n’avons pas encore pu prouver qu’il existe un lien entre l’argent et le bonheur.

Et pourtant, il apparaît que c’est tellement ancré dans nos croyances que même des auteurs et des ouvrages de la renommée de celui de Bolles, ce qui n’en définit aucunement sa qualité, en font en apparence la démonstration et renforcent par là même ces croyances.

Et sans esprit critique, sans aller vérifier l’étude par vous-même, vous vous faites avoir. Ou en tout cas, les choses sont déformées, tournées différemment.

Pour pouvoir affirmer que l’argent fait le bonheur, il faudrait comparer des individus ayant le même caractère, la même personnalité, les mêmes envies, idéaux, valeurs, la même situation, le même travail, la même maison, une femme et des enfants ayant les mêmes caractères, comportements et problèmes, idem pour les collègues de travail et leur patron, et tout le reste. Vous comprenez j’en suis sûr ou je veux en venir.

On ne peut pas isoler une variable comme le salaire de façon contrôlable et pouvoir en tirer une généralité qui ait du sens comme, « les gens qui gagnent plus d’argent sont plus heureux ».

La pensée critique et le fact checking sont vos deux meilleures armes contre toutes les aberrations que vous lirez ici et là, sur l’orientation, la reconversion professionnelle, les méthodes d’orientation, par contre cela est très couteux en temps. Nettoyer son cerveau de toutes les conneries auxquelles nous avons acceptés de croire nous prendrait en temps considérable, voir serait surement impossible. Par contre, si vous faites ce travail pour toute nouvelles information, et que vous acceptez de rester sur quelque chose comme : « ce n’est pas sûr », vous aller y gagner. J’avoue ne pas comprendre cette allergie à l’incertitude. Bien sûr, il s’agit là de se rassurer, mais je trouve cela plus rassurant d’accepter la réalité et donc l’incertitude, que de prendre des croyances pour des certitudes.

Le fact checking sur les croyances ne s’arrête pas au petit monde de l’orientation et de la quête du bonheur et il est de plus en plus vital de la mettre en œuvre dans tout ce que l’on entend ou lis au quotidien.

Rester consciencieusement sceptique et rester sur des incertitudes ne vous sauvera pas de l’angoisse, mais de l’illusion.

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